A
chaque région de Côte d’Ivoire correspond une culture vivrière spécifique. Pour
le District du Zanzan, dont Bondoukou est la capitale, l’igname occupe une
place centrale. Plusieurs variétés de ce féculent y sont cultivées. Les ignames
sont classées en deux grandes catégories : la catégorie de celles dites "précoces"
et celles appelées "tardives".
Dans
la première, on trouve le "kponan" (tubercule prisé), le
"logobêri", le "diékouakou", le "manpan", le
"tréla", et bien d’autres encore moins connues en dehors de la vaste
région du Zanzan. Une fois plantés, les tubercules de cette variété ne mettent
pas longtemps avant d’arriver à leur maturité et être déterrés, puis être
consommés. D’où leur noms d’ignames précoces. En effet, mises en terre tôt (courant
décembre-février), elles sont déterrées vers fin août et début septembre.
Dans
la deuxième catégorie (ignames tardives), on trouve le " bêtê-bêtê",
le "florido", le "kokomséné" (à cheval entre la précoce et
la tardive), et bien d’autres.
L’igname
est l’aliment de base des populations du Zanzan (Nord-Est). Elle se consomme de
diverses façons. Mais dans la région, le "foutou" reste la seule
véritable manière de la consommer. A cet effet, il n’est pas concevable de
trouver une famille qui ne possède pas un mortier et un pilon, les ustensiles
indispensables pour préparer le mets.
Ailleurs,
l’igname est consommée après sa transformation en "foufou". Ici, on
la fait bouillir. Puis, on l’écrase dans un récipient. Du produit obtenu, on
ajoute de l’huile rouge (huile non raffinée issue de la graine du palmier).
Cette manière de manger le féculent se voit surtout chez les peuples du Sud
ivoirien.
Le
Zanzan est sans doute la cité de l’igname. En effet, 60% de la production
vendue sur le territoire national en sont issus. Une place de leader qui engendre
un paradoxe : l’igname n’est pas moins chère dans les villes productrices
(Bondoukou, Bouna et Tanda) qu’à Abidjan, contrairement à ce qu’on peut imaginer.
Ce paradoxe trouve son explication dans le bitumage de l’axe Bondoukou-Bouna,
au milieu de la décennie 1990-2000. Avant, Bondoukou constituait le point de
groupage des tubercules produits dans la région, avant leur départ sur Abidjan.
Ce qui permettait au marché local d’être bien fourni en ignames.
Depuis
le bitumage de la route, la production va directement à Abidjan. La raison,
simple : les producteurs estimant qu’à la capitale économique, le féculent
se vend cher. Conséquence, Abidjan est inondée de tubercules pendant que dans
les zones productrices, ils sont rares. Voilà qui explique le prix relativement
élevé de cette denrée dans le Zanzan, par rapport au coût bas du
même produit à Abidjan.
Autre paradoxe, c’est qu’après avoir fait les nouveaux
champs, il n’y a plus d’ignames. Prennent alors place le manioc et le maïs,
comme aliments de substitution en période de soudure.
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